Démocratisation musicale, un cas d’ École.
La conviction de Marcel Landowski était que toute vie musicale commence par l’école 1.
Vous avez dit Démocratisation?
Musique, temps scolaires et intervenants
Un projet: l’orchestre à l’école
L’intervenant en milieu scolaire
Le cours d’Education Musicale au collège
Le contexte actuel qui voit la réforme des rythmes scolaires dans le primaire et la création des TAP/NAP, la réforme du collège qui impose une nouvelle organisation structurelle et des changements pédagogiques importants à la rentrée de Septembre 2016 ,la modification de l'organisation administrative des structures de l'Etat, ré-interroge la place de la culture au sein de la société et des enseignements, dans nos environnements professionnels et notre quotidien de citoyen.
Avant d’aller plus en avant, rappelons ici - et plus que jamais - que le terme « culture » recouvre les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les savoirs et les arts, les traditions, institutions et modes de vie par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu’il donne à son existence et à son développement (Déclaration des Droits Culturels, Fribourg, Mai 2007).
Toutefois, nous (trois contributeurs en formation d'un groupe de recherche-action) réduirons notre contribution à travers cette modeste publication numérique à l’aspect musical de la démocratisation culturelle à travers et par l'Ecole.
Vous avez dit Démocratisation?
En creusant ce vaste sujet nous nous sommes rendu compte que "Démocratisation culturelle" est une expression fourre-tout souvent utilisée pour légitimer les politiques culturelles. Si beaucoup d’entre nous avions une idée sur la question, le terme de Démocratie - culturelle et musicale - nous était bien plus vague. Suite à une enquête de rue, nous avons constaté que les gens connaissent plus ou moins le terme “ démocratisation” mais lorsqu’on leur parle de démocratie culturelle, il ne savent pas du tout de quoi il s’agit.
Ce micro trottoir a été effectué jeudi 8 octobre 2015 , rue de la république et place Bellecour à Lyon.
- Démocratisation culturelle”, ça vous évoque quoi?(0' à 3')
- Pensez-vous avoir déjà bénéficié d’un acte de démocratisation culturelle? Si oui, lequel? (3' à 6'58")
- Quelle est la place de la musique dans votre vie?(6'58" à 10'37")
- Quelles actions de démocratisation culturelles aimeriez vous voir se développer? (17'08")
- André Malraux, le visionnaire (17'08" à 19'11")
- Que vous évoque le terme de “démocratie culturelle”? (19'11" à 23'43")
A propos de Démocratisation culturelle, si ça vous chante, n’hésitez pas à passer la soirée (3h25' tout de même) avec Monsieur Franck Lepage:
Dans cette conférence gesticulée (telle qu'il la définit lui-même), Franck Lepage, sur un ton humoristique parle de Culture (début jusqu'à 30' environ), de l'histoire de l'éducation populaire (1h50'), d'André Malraux (2h14') et donne un exemple de colloque entre le ministère de la culture et une collectivité locale (2h45').
André Malraux (voir ICI un court résumé de son action) a été le créateur du Ministère de la culture et a créé des formes de politique publiques de la Culture. Les TAP/NAP sont issues de ces politiques publiques. Nous en parlerons plus tard dans cet article.
Après avoir fait de nombreuses recherches sur la démocratisation de la culture, la démocratie culturelle, l'éducation populaire (voir nos définitions ICI), nous avons tenté des actions sur nos terrains. Par ces recherches et sur nos terrains respectifs, nous avons eu de nombreux retours qui confirment que l'École est bien le lieu privilégié pour démocratiser la musique. En effet, l’école a pour mission d’accueillir tout le monde, toutes catégories sociales et milieux familiaux confondus. N’est-ce pas une voie royale pour l’accès de tous à la musique? Reste à savoir sous quelles formes, la question n’étant plus “qu’est ce qu’on peut faire ou ne pas faire ?” mais "comment peut-on le faire ?”
Car bien que le système éducatif français, piloté, géré, organisé, administré par le Ministère de l’ Éducation Nationale reste très centralisé en dépit des lois de décentralisation qui ont transféré des compétences limitées aux collectivités territoriales, si la force de l’ École c’était son ouverture, de par la multiplicité des actions et des partenariats qui y sont possibles?
Musique, temps scolaires et intervenants
L’articulation des différentes temporalités, temps scolaire (temps institutionnel), temps extrascolaire et nouvellement temps périscolaire permet d’aborder différemment la pratique et la culture musicale.
On se rend compte que la volonté politique préalable à la mise en oeuvre de la vie musicale et son organisation par les différents partenaires ne permet pas de lever automatiquement les blocages et difficultés liés aux aux mécanismes complexes des interactions entre les différents acteurs, des collectivités territoriales aux apprenants.
Le cadre scolaire permet et ouvre un espace privilégié mais cela ne suffit pas, il est juste un espace des possibles. Si tous les acteurs ne sont pas partie prenante du projet, ce cadre ne suffit pas. Que les enfants choisissent ou pas leurs activités, ils ne seront intéressés que s’ ils sont actifs dans l’élaboration du projet.
Alors comment s’emparer efficacement des temps et des différents cadres, comment les articuler pour qu’ils s’enrichissent mutuellement et se complémentarisent?
Le temps qui est inclus dans le temps scolaire nous paraît être le plus pertinent car il touche le plus grand nombre d’enfants dans le cadre de l’école publique, établit dans un souci d’égalité, ce qui n’est pas toujours le cas dans la mise en place du périscolaire.
Mais revenons sur ces différents temps scolaires ainsi que les types d’ intervenants:
- Intervenant extérieur, professeur de musique (Assistant territorial d'enseignement artistique) dans le cadre péri scolaire; nous prendrons l'exemple des TAP/NAP
- Intervenant extérieur professeur de musique (Assistant territorial d'enseignement artistique) dans le cadre scolaire en tant que personne ressource pour des projets. Exemple " Orchestre à l'école" que vous découvrirez dans le deuxième témoignage.
- Intervenant en milieu scolaire; le Dumiste ou Musicien Intervenant
- Enseignant d’ Éducation Musicale, circonscrit dans le temps scolaire institutionnel de l’ Éducation Nationale; troisième et dernier témoignage de ce blog.
Le cas des NAP/TAP
L’organisation du temps et des rythmes scolaires dépend de différents acteurs.
On assiste à une grande diversité de mise en place des NAP: il semble difficile d’unifier l’organisation en terme d’horaire, de partenariat, de ressources pédagogiques, de financement, etc...Pour beaucoup de municipalités, cette nouvelle gestion du temps scolaire est tombée d’en haut, imposée par l'Etat. Pour certaines municipalités le fait d’être en charge de l’organisation des temps périscolaires n’est donc pas une volonté mais une obligation. L’organisation des NAP n’est pas égalitairement mis en place et chacun fait comme il l’entend et/ou comme il peut (financièrement notamment) ce qui génère des problèmes d’organisation et de communication.
D’où la nécessité de prendre les projets au cas par cas en fonction de l’investissement des décisionnaires. Donc trouver les bonnes personnes qui peuvent être investies dans les Tap/Nap.
La question qui se pose est de savoir qui doit, qui peut animer ces temps périscolaires? Pour le savoir, il faut d’abord se pencher sur les objectifs définis pour les NAP.
Et tout ou presque, se trouve dans le "guide pratique"!
Et pour se faire une idée, quoi de mieux qu’un témoignage d'une action dans le périscolaire?
A lire Aventures en TAP
Mais qu’en est il des projets d’orchestre à l’école et des programmes en collège?
Un projet: l’orchestre à l’école
Une pédagogie innovante: l'orchestre à l' école.
Photo ©Laurent Rousselin, Amiens Métropole.
A propos d’un jeune ensemble musical...C’est reparti pour un deuxième témoignage:
A lire Sur le modèle de l’orchestre à l’école, un tout jeune ensemble instrumental
Le lien entre l’école et l’école de musique était tissé par les Dumistes, pourrait il en être de même avec le périscolaire? Si oui comment? Nous allons tenter d’analyser le métier de Dumiste pour voir quels sont les points communs ou les points qui diffèrent. Le métier de Dumiste est-il mieux adapté? Est-ce idéal comme on le pense ou y a-t- il des difficultés? Si oui lesquelles? Le périscolaire peut-il compléter le travail des Dumistes? Pourrait-il y avoir un lien avec eux? Comment? Pourrait-il y avoir une complémentarité et une transversalité?
L’intervenant en milieu scolaire
Le Dumiste ou intervenant en milieu scolaire reçoit une formation spécifique, à la fois musicale, pédagogique et générale. Il permet aux enfants de faire de la musique en montant des projets dans le cadre de l'école souvent en partenariat avec le conservatoire. Il joue un rôle de médiateur entre l'enfant et la musique et entre l'école et l'école de musique. Il peut travailler en conservatoire, dans les classes d'éveil ou dans les écoles et les crèches; il mène soit des projets ponctuels soit des projets à long terme en collaboration avec les professeurs des écoles.
De l’extérieur, nous avons l’impression que ce système est le plus propice à la démocratisation et qu’il fonctionne. Toutefois, après quelques recherches nous nous rendons compte que les Dumistes sont eux aussi confrontés à des obstacles. En effet, depuis la création des NAP, certaines municipalités ont parfois tendance à vouloir privilégier le périscolaire aux interventions en milieu scolaire car cela est moins coûteux. Les Dumistes doivent donc faire des heures en périscolaire ce qui n’est pas du tout le même travail puisque, comme nous l’avons vu plus haut, leur mission est de faire des projets dans le temps scolaire avec l’instituteur. Or, dans le périscolaire ils sont seuls et hors temps scolaire. Cela pose réellement des questions, notamment quand les NAP semblent court-circuiter des actions qui semblaient pérennes comme les interventions en milieu scolaire - plus aptes selon nous à donner un accès égalitaire au plus grand nombre. Alors pourquoi les fragiliser? Y-a-t-il régression par rapport à ce qui a été initié par Landowski et mis en place par Maurice Fleuret (création des CFMI - centres de formation des Dumistes - en 1983)? Est-ce un réel état de fait ou juste une impression? Est-ce que les postes d’intervenant en milieu scolaire sont en péril? Ne risquent-ils pas de disparaître au profit des NAP? En fait, cela dépend des régions. Manifestement ça n’est pas trop le cas dans la région lyonnaise et il semble que les étudiants dans les CFMI sont encore nombreux et qu’ils trouvent des postes. Mais dans certaines régions, les Dumistes perdent des heures d’interventions en milieu scolaire au profit du périscolaire occasionnant un retour en arrière par rapport à ce qui a été mis en place.
De plus, le 23 juin dernier, le conseil national des CFMI a écrit à la ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour dire son mécontentement en rapport au manque de connaissance et de soutien de l’Etat concernant la fonction et le travail des Dumistes. Selon eux “ le travail des intervenants en milieu scolaire n’est pas mis en avant, valorisé et porté par l’Education Nationale alors que c’est un système unique en Europe” ( article du conseil national des CFMI). Vous pourrez trouver, dans les liens qui suivent, cette lettre ainsi que de nombreux renseignements sur les difficultés et le travail des Dumistes qui sont peu connus de grand public alors même que leur rôle trouve toute son importance dans l’éducation musicale de nos enfants. https://www.facebook.com/conseilcfmi/ https://musiciensintervenants.wikispaces.com/
Le cours d’Education Musicale au collège
Dernière étape du parcours artistique obligatoire, l’enseignement musical du cycle 4 (5ème, 4ème et 3ème) au collège se développe au sein des enseignements obligatoires (1h/semaine), au sein des EPI et éventuellement nourrit le parcours d’éducation artistique et culturel.
Mais avant d'aller plus loin: Le collège 2016 en un coup d’œil
Et enfin, pour être tout à fait complet et bien plus digestes que sur les bulletins officiels voici les nouveaux programmes: Programmes Education Musicale 2016 Cycles 2, 3 et 4.
Pour tous ceux qui viennent de prendre connaissances de ces nouveaux programmes et pour les moins jeunes qui se disent que les cours de musique qu'ils ont connus sont bien loins (ah la flûte à bec...), voici le dernier témoignage concernant donc un projet mené à l'Educ'Nat:
[embed]http://www.cefedem-rhonealpes.org/carnet/?p=712[/embed] Retour en haut Croisant nos actions au sein de l'Ecole et pour conclure, nous avons fait le constat que dans ces différents temps scolaires, types d’ intervenants, espaces, terrains et partenariats, l'action s'était mise en place grâce et à travers un projet mais que la réussite de ce dernier dépendait moins de la présence de cadres institutionnels que de leur définition, ainsi que de la communication, de la coordination, de la motivation et de l'implication des différents acteurs. L'intelligence collective permet en effet de lever bien des blocages. Toutefois de nombreux questionnements subsistent et la musique, s’il elle peut permettre une émancipation - ce n’est pas systématique ni immédiat- , n’est pas la seule voie. N'est-ce pas par ailleurs à force de trop vouloir démocratiser que l’on a rendu la culture consommable? Et de quelle culture parlons-nous? A quand une idée DES cultures? La notion de démocratisation est récurrente en dépit des politiques culturelles successives engagées. La mutation lente de l'Education Nationale ne parvient pas à réduire les inégalités. Néanmoins c'est par elle, par la création, les nouvelles technologies, la diversité des lieux et des enseignements, la transversalité des compétences que serons formés les citoyens de demain.
Glossaire & bibliographie
Vous trouverez l'ensemble de nos définitions ICI et de notre bibliographie ICI.
Retour en haut 1. Noémi Lefebvre « Marcel Landowski, une politique fondatrice de l’enseignement musical
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